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de l’adoption du français

synthétisme vers l’analytisme. Le latin ainsi modifié constituerait une langue nouvelle ne conservant que les racines latines et pouvant se classer parmi les langues romanes. C’est l’avis de M. Michel Bréal, lorsqu’il s’exprimait ainsi : « Je suis porté à croire que ce latin saturé de termes modernes ou de mots anciens à significations nouvelles, plié à une syntaxe plus analytique, ne tarderait pas à ressembler beaucoup à du français. (Revue de Paris, 15 juillet 1901, p. 233.) Malgré la plus grande régularité que l’on pourrait donner à la grammaire d’une telle langue, il vaudrait infiniment mieux adopter directement une des langues romanes, et parmi celles-ci tout particulièrement la langue française.

4. La langue auxiliaire doit être analytique comme l’est surtout le français

Le français se rapproche, en effet, considérablement du modèle que Leibnitz indiquait en 1679 pour aider à l’élaboration d’une langue idéale. Leibnitz déclarait inutile et illogique la pluralité des déclinaisons et des conjugaisons. Il devrait donc, disait-il, n’y avoir qu’une seule déclinaison et qu’une seule conjugaison. Le grand penseur préférait les langues analytiques, telles que le latin, et trouvait qu’il fallait tendre à supprimer le plus possible les flexions. Elles font double emploi avec les particules, les propositions régissant les cas, et les conjonctions régissant les modes. Par conséquent, ou bien les cas et les modes dispensent des particules, ou bien les particules dispensent des cas et des modes. Cette dernière alternative est évidemment préférable, car les particules sont plus nombreuses et plus variées que les flexions ; il serait impossible d’avoir autant de cas que de prépositions et autant de modes que de conjonctions. Le latin avait dû réunir dans une même forme terminale les fonctions de l’attributif, de l’intermental, du locatif, etc. Il faut donc remplacer tous les cas par le nominatif précédé de diverses propositions et tous les modes par l’indicatif précédé de diverses conjonctions. C’est cette simplification qui a été le principal point de départ de l’évolution romane.

Est-il nécessaire de faire valoir ici que, parmi les langues modernes, la française surtout a supprimé les déclinaisons et tend à l’unité de conjugaison, la première conjugaison dans laquelle se rangent désormais tous les nouveaux verbes étant seule encore vivante. Les autres conjugaisons constituent, avec la plupart des diverses exceptions de la grammaire, les reliques du passé, des fossiles. Affirmons