Page:Fürstenhoff — De l’adoption du français comme langue auxiliaire internationale, 1908.pdf/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
de l’adoption du français

lité et ce n’est un mystère pour personne que beaucoup de candidats s’en acquittent en traduisant ou en faisant traduire leur travail rédigé en français. (La thèse latine et le doctorat ès lettres, par Picavet. Rev. intern. de l’enseignement du 15 mai 1903.) Aussi la majorité des docteurs en philosophie et lettres est incapable de se servir couramment du latin. Que dire alors des docteurs en science, en droit et en médecine !

Le latin ne se prononce pas de même dans les divers pays. — De nos jours, on peut même considérer comme une impossibilité de parler latin, car, ainsi que le reconnaissait d’Alembert, nous ignorons comment les Latins prononçaient la plupart de leurs voyelles et de leurs consonnes. Sans doute, la philologie a fait de grands progrès dans la connaissance phonétique de l’idiome parlé à Rome, et notamment après les travaux de Corssen, Seelman, etc., on est arrivé à une précision relative à cet égard, mais les notions ainsi acquises n’ont guère pénétré du monde savant dans celui des collèges. Il en résulte que chaque nation moderne prononce le latin à peu près comme sa propre langue et trouve ridicule la prononciation des autres. Ainsi, Cicero se prononce en France Sisero, en Allemagne, Tsitsero, en Italie Tchitchero, alors qu’à Rome, on disait Kikero. De même, le u est ou par plusieurs peuples, dominus se disant dominous, alors qu’à Rome, dès la fin de la République, on disait domnos. Toute tentative pour uniformiser cette prononciation se heurterait à une routine invétérée, à une tradition séculaire, et il serait sûrement plus facile d’introduire la prononciation d’une nouvelle langue que de modifier celle admise dans chaque pays pour le latin.

Le latin ne pourrait donc être proposé que pour les relations internationales par écrit, et il est inutile de démontrer l’insuffisance de l’écriture pour les relations internationales. Ce serait un langage de muets et, de plus, un langage hérissé de difficultés.

3. Chances des néo-latins

On a proposé des modifications du latin, des néo-latins qui ne sont pas plus admissibles que le latin lui-même. Des modifications, même légères, apportées à une langue suffisent déjà pour en modifier considérablement l’aspect. Or, ce sont des modifications profondes que devrait subir le latin classique, car celui-ci ne convient plus par son synthétisme à l’esprit des peuples modernes. Toutes les langues vivantes actuelles, y compris celles dérivées du latin, ont évolué du