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de l’adoption du français

plis, les hommes ne soient pas encore parvenus à s’entendre pour adopter un langage unique.

2. Chances du latin

Universalité du latin dans le passé. — Il y eut, certes, des époques où l’on sembla tendre, sinon vers l’unité de langage, tout au moins vers l’adoption d’une même langue secondaire pour les rapports universels. Ce fut le cas en premier lieu pour le latin, qui eut autrefois de grandes chances de s’imposer à l’Europe. L’expansion de la puissance romaine fit en effet admettre le latin comme langue officielle par les peuples conquis, et les autres langues lui cédèrent peu à peu le pas.

Cependant, le latin classique n’était parlé dans toute sa pureté qu’à Rome, et à Rome même par les seuls patriciens. L’ignorance des légionnaires, la difficulté des communications s’opposèrent à ce que la langue du conquérant pénétrât sans déformation chez les peuples conquis. Il s’opéra un véritable brassage entre le latin et les dialectes locaux, brassage d’où sortirent les langues modernes. Toutefois, le latin se maintint encore longtemps en Europe comme langue écrite, comme langue de la religion et de la science ; jusqu’au XVIIe siècle, il fut un instrument d’échange intellectuel dans l’Europe entière.

Abandon du latin. — En se perfectionnant, les langues nationales limitèrent de plus en plus l’usage du latin. Celui-ci semble même destiné à disparaître complètement du programme des écoles dans un avenir plus ou moins rapproché. Tout a été dit au sujet des avantages du latin, mais les regrets que peut provoquer son abandon paraissent devoir être vains. D’ailleurs, le latin ne peut être proposé sérieusement que comme langue à l’usage des lettrés. En effet, le latin classique est beaucoup trop difficile et trop long à apprendre. Il ne faut pas se lasser de le répéter : l’élite de la jeunesse passe sept et jusque à neuf ans à étudier le latin et aboutit à l’écrire péniblement à coups de dictionnaire, et pas toujours correctement. À plus forte raison n’est-elle pas en état de le parler. Aussi, l’immense majorité a-t-elle bientôt fait d’oublier toute notion de cette langue. Même ceux qui, par profession, entretiennent et développent leur connaissance du latin éprouvent de grandes difficultés à s’en servir. On sait que la thèse latine, devenue facultative depuis 1903 en France, n’est plus considérée que comme une corvée ridicule et une ennuyeuse forma-