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DE L’ADOPTION DU FRANÇAIS
COMME LANGUE AUXILIAIRE INTERNATIONALE[1]


Au premier abord, l’idée de faire servir la langue française au noble but de la paix n’apparaît pas bien clairement à l’esprit, mais en y réfléchissant, on conçoit que l’adoption du français comme langue auxiliaire pour les relations internationales constituerait une étape considérable faite dans la voie de l’union étroite des races européennes.

1. Nécessité urgente d’une langue auxiliaire internationale

La nécessité d’une langue auxiliaire internationale n’est plus contestée par personne. Elle s’impose avec une évidence de plus en plus manifeste à mesure que se développent les relations de toute sorte entre les nations civilisées. On pourra bientôt faire le tour du monde en moins de quarante jours ; on télégraphie (même sans fil) d’un bout à l’autre des mers ; on téléphone entre capitales ! Or, à quoi bon télégraphier d’un continent à l’autre et téléphoner d’un pays à l’autre, si les deux correspondants n’ont pas de langue commune ? La facilité des communications a amené une extension correspondante des relations économiques : le marché européen s’étend sur toute la terre. Les grandes nations possèdent des colonies jusqu’aux antipodes. Leur politique n’est plus confinée sur l’échiquier européen ; elle devient coloniale et « mondiale ». Toujours par la même raison, elles sont de plus en plus obligées de s’entendre et de s’unir par des conventions ou des organismes internationaux tels la Conférence interparlementaire de la Paix, l’Union postale universelle, le Bureau international de la propriété industrielle à Berne, celui des poids et mesures à Paris, l’Association géodésique internationale, l’Union des observatoires, l’Association internationale des Académies, etc., sans compter les congrès de plus en plus fréquents réunissant des spécialistes de toutes nationalités.

Il est difficile de concevoir qu’en dépit de tous les progrès accom-

  1. Rapport présenté au deuxième congrès international pour l’extension et la culture de la langue française. Arlon Luxembourg Trèves, 20-23 septembre 1908.