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de l’adoption du français

longue du latin et du grec. À ce titre, l’étude de la langue française constituerait certes ces humanités populaires désirées par Diels, les humanités latines pouvant difficilement se concevoir populaires.

Et que l’on ne croie pas que de telles humanités ne soient goûtées en Allemagne ! Lors de conférences littéraires françaises organisées en ce pays par le professeur Martin Hartmann, il y eut en 1899 un total de 4.000 auditeurs répartis dans 11 villes, de 16.000 auditeurs dans 15 villes en 1900 et de 26.000 auditeurs dans 14 villes en 1901. Nous ignorons des résultats des années suivantes, mais nous ne doutons pas que les Allemands ne soient venus de plus en plus nombreux écouter, lire et commenter par des littérateurs français les fables de La Fontaine, les scènes de Molière, les contes de Daudet, les œuvres de Victor Hugo, etc. Dans certains petits centres de province, un dixième de la population assistait aux conférences. Ces chiffres, tout à l’honneur du peuple allemand, montrent avec quelle ardeur celui-ci se consacrerait tout entier à l’étude de la langue française, devenue langue auxiliaire internationale.

D’autre part, la langue allemande, quels que soient ses mérites, n’ayant pour maintes raisons (parmi lesquelles sa construction syntaxique en est déjà une plus que suffisante) aucune chance d’être admise par les autres nations, et le choix immédiat d’une langue auxiliaire ne pouvant que favoriser l’expansion économique si débordante de l’Allemagne, celle-ci ne peut hésiter entre le français et l’anglais. On pourrait en effet faire valoir le grand nombre d’humains parlant cette dernière langue. Nul doute que, dans une étude semblable à celle de M. Brereton et ayant pour titre « Vers l’Angleterre ou la France », l’auteur qui se déclarerait en faveur du français n’obtienne l’approbation de l’Allemagne tout entière.

Quelle que puisse être, d’ailleurs, l’opposition que les chauvins allemands voudraient faire à l’adoption du français, ce serait faire injure aux dirigeants que d’admettre une indifférence de leur part vis-à-vis d’un mouvement qui engloberait non seulement des nations non germaines, mais encore un groupement aussi important que celui des Suédois unis aux Norvégiens, aux Danois, aux Finlandais et aux Hollandais.

Sympathies des autres nations pour la langue française. — La Russie, elle, ne peut, naturellement, que se ranger du côté de l’alliée dont la langue est d’ailleurs déjà d’un usage courant dans les sphères officielles. Novicow ne conclut-il pas comme Wells à l’expansion défi-