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de l’adoption du français

les. Des groupements de ce genre existent également dans divers pays, spécialement en Angleterre, en Bohême, etc. Aux États-Unis, il existe 1457 comités franco-américains.

Sympathies allemandes pour la langue française. — Pour ce qui regarde l’Allemagne, on pourrait croire, à première vue, que l’opposition doive y être systématique. Cependant, les savants et les philologues allemands ont si bien conscience de ce que tous les peuples européens doivent à la tradition latine qu’ils préféreraient une langue internationale à base purement latine, non seulement comme plus homogène, mais encore comme plus réellement internationale. Les plus illustres philologues allemands tels que Jacob Grimm, Max Müller, Hermann Diels, etc., se sont très nettement prononcés dans ce sens. En outre, parmi les nombreux Allemands qui se sont occupés des langues artificielles, la grande majorité s’est également déclarée en faveur du latin ou des langues romanes. Un d’entre eux, J. Schipfer (Essai de grammaire pour une langue internationale, Wiesbaden, 1839), écrivait même que le vocabulaire français devait être préféré à tous les autres. Faut-il rappeler les prédilections marquées, pour la langue française, par le grand Frédéric et par d’autres Allemands illustres ? En réalité, l’exclusivisme intransigeant est le fait d’Allemands peu instruits et aveuglés par un préjugé nationaliste, qui ne peut cependant être réellement blessé dans le cas qui nous occupe. L’Allemagne intellectuelle proclame que la civilisation allemande est fille de la civilisation romaine et il ne lui manque pas d’arguments historiques pour étayer son opinion : l’empire allemand n’est-il pas le successeur de l’empire romain germanique, dont les souverains allaient se faire couronner à Rome et se considéraient comme les héritiers des empereurs romains d’Occident. Herman Diels, membre de l’Académie des sciences de Berlin et philologue remarquable, affirme, dans une conférence faite le 6 novembre 1900, qu’un Allemand ne peut savoir sa langue et comprendre l’histoire et les institutions de son pays que s’il connaît le latin. C’est pourquoi il propose de populariser les humanités latines en Allemagne. N’est-ce pas le lieu de faire valoir ici, avec Brereton, Cameron et Vising, que nous venons de citer, et aussi avec Kürschner (Die Gemeinsprache der Kulturwölker, 1900) qu’à défaut du latin l’étude du français par les Allemands présente également pour eux l’avantage de leur faire apprendre les mots étrangers qui abondent dans leur propre langue, avantage que n’offre jusqu’ici que l’étude autrement