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de l’adoption du français

çaise un courant d’idées vraiment favorable dans les divers pays.

Sympathies anglaises pour la lanque française. — En Angleterre, M. Cloudesley Brereton, étudiant la question des langues dans The Monthly Review, sous le titre « Towards Germany or France » (« Vers l’Allemagne ou la France »), se demande si l’Angleterre, qui réorganise à ce moment son enseignement secondaire, doit se tourner vers l’Allemagne ou vers la France. Au cours de son étude approfondie, il opte nettement pour la France. Voici certaines des raisons qu’il expose : « Quel est, écrit-il, l’idéal qui domine l’éducation germanique ? La recherche de l’érudition ! Quelle est la préoccupation qui domine l’enseignement français ? Celle d’une culture harmonieuse ! Et lequel des deux idéals nous est actuellement le plus nécessaire en Angleterre ? Laquelle des deux langues nous promet le meilleur développement linguistique, logique, esthétique et littéraire ? Est-ce l’allemand, avec sa glorieuse poésie lyrique, son vocabulaire presque sans bornes, avec sa structure d’architecture gothique, ses phrases cathédralesques qui se ramifient en une masse de branches, en un véritable enchevêtrement de chapelles latérales, qui rappellent à la fois l’immensité, la majesté et le mystère de son architype ? L’étudiant moyen distingue mal au travers du fouillis d’arbres que les forêts sacrées germaines placent devant ses yeux ; il s’oriente difficilement au milieu du dédale des phrases interminables et s’empêtre dans un style embarrassé et compliqué. » M. Brereton donne donc franchement la préférence au francais « avec sa poésie, son sens exquis de la mesure, son vocabulaire moins copieux, mais qui forme un admirable arsenal d’expressions soigneusement classées ». D’après lui, « la prose française combine la pure ligne architecturale classique, avec la chaleur et le coloris du sentiment moderne ; elle rappelle, par sa précision et sa solidité, les routes et les ponts inébranlables des Romains. Son bon goût, sa modération et son raffinement témoignent qu’elle s’inspire directement des meilleures époques de la culture grecque ! Langue claire et logique, esthétique et littéraire ! Peut-on trouver un meilleur instrument de discipline mentale en dehors du monde classique ? »

L’opinion élogieuse de M. Brereton sur les avantages que présente l’étude de la langue française n’est pas seulement partagée par beaucoup de ses compatriotes, mais encore par tous les gens impartiaux et cultivés. N’est-ce pas encore un Anglais, M. Wells, qui, dans ses Anticipations, alla jusqu’à prophétiser l’adoption universelle