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de l’adoption du français

sance à une langue unique, de même les diverses langues européennes doivent fusionner en une langue composite, d’abord très compliquée, puis évoluant vers la simplification. Malheureusement, un tel phénomène exigera probablement une si longue série de siècles, qu’il est de l’intérêt de la civilisation d’adopter dès maintenant une langue secondaire, et de préférence le français, pour faciliter les rapports entre humains.

Il n’y a plus de raisons d’animosité contre la France. — On a pu croire que l’animosité plus ou moins déclarée que ressentiraient certaines nations envers la France serait un obstacle à cette adoption. Nous avons dit jusqu’à quel point on peut séparer les intérêts de la langue française, devenue propriété internationale, de ceux de la France, dépossédée de l’usage exclusif de sa langue. D’autre part, des sentiments francophobes pouvaient avoir leur raison d’être lorsque la France était en situation de prétendre à l’hégémonie politique en Europe. À présent, que la France est devenue une nation résolument pacifique, de tels sentiments ne doivent plus exister. Le développement moderne de puissances telles que l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis, la mobilisation des forces jusqu’ici latentes en Asie, ont enlevé définitivement toute possibilité à l’hégémonie d’une seule nation dans le monde. La tendance est au contraire aux concentrations de toutes natures et à la confédération des États, d’abord par groupements isolés, puis par l’union de ces groupements. Bien qu’encore première puissance par sa richesse, son commerce et son industrie, la diminution trop grande de sa natalité a mis la France en état d’infériorité numérique vis-à-vis des autres puissances. Celles-ci ont désormais plus de raisons de rechercher son amitié que de craindre une agression de sa part. Les récents accords politiques, ceux qui ne peuvent manquer de se conclure dans l’avenir, sans compter les sympathies que la France a pu s’assurer parmi les nations latines et slaves et dans le monde, placent réellement la nation française dans une situation privilégiée. Les influences pacifiques de la démocratie, très puissante en France, viennent encore fortifier cette situation. L’adoption internationale de la langue française ne pourrait donc éveiller sérieusement la jalousie des autres nations,

On constate d’ailleurs, en faisant abstraction des protestations chauvines qui se produisent en tous pays, lorsqu’on soulève la moindre question internationale, qu’il existe en faveur de la langue fran-