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de l’adoption du français

expansive propre qui lui permettrait de s’imposer de façon uniforme aux différents peuples sans avoir à craindre de se désagréger à leur contact. Respectueux de son glorieux passé et de sa vitalité actuelle, les étrangers s’étudieraient à se l’assimiler scrupuleusement. Les erreurs individuelles auraient ainsi un correctif certain et elles ne pourraient faire masse, comme dans le cas d’une langue neuve.

6. Chances des langues vivantes

Il est, d’autre part, un fait indiscutable. Seule, la croyance à l’impossibilité d’un accord en faveur d’une langue vivante pouvait justifier sérieusement les propositions de langues artificielles. La possibilité d’un tel accord signifierait donc l’inutilité de ces propositions. Le travail énorme de l’élaboration des deux cents langues environ qui ont déjà été inventées n’aurait pas cependant été effectué en pure perte. Il aurait en effet servi à démontrer, d’une part l’inutilité des tentatives pour créer une langue internationale vraiment indépendante des langues néolatines, et, d’autre part, la préférence à accorder aux langues romanes, et particulièrement au français comme langue internationale.

Comme dernier argument en faveur du français comparé aux langues artificielles, on peut encore faire valoir que celle de ces langues qui possède actuellement le plus de défenseurs, c’est-à-dire l’espéranto, doit surtout son succès relatif à l’engouement de certains Français. Peut-on admettre qu’un seul des espérantistes français s’oppose à l’adoption de la langue française comme langue auxiliaire ? D’ailleurs les Français sont précisément les seuls n’ayant pas voix au chapitre ! Quand à l’amoureux d’idéal qui s’obstinerait à poursuivre le chimérique espoir d’une langue nouvelle parfaite et destinée à rester telle, on pourrait le satisfaire en lui montrant la possibilité de perfectionner la langue française de façon à satisfaire ses exigences.

7. Chances du français

L’examen attentif de la question montrant la nécessité d’écarter les langues mortes ou nées telles, il nous reste à envisager la situation de la langue française vis-à-vis des autres langues vivantes.

Universalité de la langue française dans le passé. — Une sorte de consentement universel a fait adopter autrefois le français comme langue diplomatique et comme langue des cours. Bien des faits d’ordre politique y avaient aidé : les croisades où les Francs avaient