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de l’adoption du français

l’analytic modern latin de Grabowski, la mundo-lingue de J. Lott, la lingua komun de Kürschner, le panroman de H. Molenaar (de Munich}, propositions qui rectifient la courbe de l’évolution des langues artificielles menant celles-ci vers les langues romanes, courbe que l’esperanto essaie en vain de modifier. Déjà, en 1894, le Dr Zamenhof, inventeur de la langue, se vit obligé de dissoudre la ligue espérantiste qu’il avait fondée quatre ans auparavant. Cette dissolution se fit uniquement parce que des projets de réforme menaçaient déjà à cette époque de remettre en question les bases mêmes de la langue.

L’ido. — Il est d’ailleurs à présumer que les exigences réformistes ne pourront être supprimées si l’esperanto se répand quelque peu. Déjà une scission grave s’annonce. M. de Bauffront, l’auteur bien connu de divers lexiques espérantistes, a créé un nouveau langage appelé l’ido et de nombreux adeptes suivent déjà ce nouveau prophète, de même qu’autrefois les volapukistes se convertirent en foule à l’espérantisme. Tous les hommes désireux de faire aboutir la question de la langue auxiliaire ont montré et montreront d’ailleurs toujours un pareil désintéressement pour adhérer, même les yeux fermés, à la langue qui leur paraîtra réunir le plus de chances de réussite.

Les langues artificielles se corrompraient en se répandant. — Malheureusement, les chances sont moindres, en réalité qu’en apparence. Ce qui manquera toujours à une langue artificielle, comme aux langues mortes, c’est une norme fixe de prononciation. Le fait qu’un certain nombre de volapukistes ou d’espérantistes de nationalités différentes ont pu se comprendre, jouer des pièces, etc., n’infirme guère cette vérité. L’enthousiasme des néophytes d’une religion ne leur permet pas d’en apercevoir les désavantages. C’est par une série de déformations souvent imperceptibles, et par un usage très répandu, qu’une langue se corrompt. L’académie que l’on voudrait fonder pour fixer une langue nouvelle serait naturellement internationale, donc soumise à des influences contradictoires rendant l’accord difficile à obtenir, en admettant qu’il se fasse d’abord sur la prononciation des racines latines choisies.

Ces appréhensions ne peuvent exister à l’égard du français s’il était adopté comme langue auxiliaire. Ayant déjà subi une longue évolution, parlé par des millions d’hommes, fixé dans une des plus riches littératures qui soient, le français possédera toujours une force