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fête alanguie une impulsion subite de chaleur et de gaieté, chassant partout l’ennui devant ses charmants sourires, et comblant toutes les vanités, rien qu’à effeuiller au hasard les fleurs de son noble esprit, tout plein d’exquise bonne grâce et de tact incomparable.

C’était quelque chose d’étrange que ce troupeau de gens heureux qui s’engourdissaient dans le plaisir, et avaient besoin pour s’éveiller et reprendre goût à la fête qu’un pauvre cœur brisé, saignant, torturé, se forçât à leur sourire…

Armand et elle se rencontrèrent dans la foule.

— Le bal est un souverain remède, lui dit le baron ; personne ne se douterait, à vous voir si gaie, que, ce matin encore, vous étiez malade.

— Oh !… c’est que je m’amuse, répondit Robertine.

— Et, reprit le baron avec une sorte d’embarras timide, il me semble que vous venez d’avoir avec M. Claude… mon parent… un très-long entretien… Comment le trouvez-vous ?

— Je trouve… c’est un homme aimable… et bon.

— J’espère que vous aurez été indulgente ?

— Ce n’est pas lui, répondit la baronne avec un soupir, qui a besoin de mon indulgence.

On appela M. d’Osser à une table de jeu.