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sans pouvoir trouver une déesse ou une rose qui pût lui être comparée. Elle avait en outre un talent de premier ordre.

Son succès fut rapide et retentissant. La vogue s’empara d’elle tout de suite, élevant à la fois ses cent mille voix pour jeter dans Paris le nom de la jeune virtuose. Elle éclipsait madame Gavaudan ; elle faisait pâlir l’astre de Garat : c’était de l’enthousiasme.

Duchesses et princesses de l’empire se la disputaient chaudement, et ne l’avait pas qui voulait.

Elle était fêtée, choyée, adulée. Paris a toujours comme cela quelque idole, autour de laquelle brûle, et brûle vite, hélas ! le fugitif encens de la mode.

Robertine passait, modeste et calme, comme si tout ce fracas n’eût point été sa renommée.

Elle n’avait point de fausse humilité, mais elle n’avait point d’orgueil, et sa jeune raison sut résister à l’enivrante admiration du monde.

En ce temps, M. le baron Armand d’Osser était dans tout l’éclat de sa précoce faveur. Il faisait fort belle figure à la cour de Marie-Louise, et tenait un rang notable parmi les merveilleux civils, à qui appartenait le haut du pavé dans Paris, dès que les brillantes épaulettes de l’état-major impérial étaient aux frontières.

Robertine lui plut. Il commença d’une