Page:Féval - Une pécheresse, volume 1 - 1849.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 74 —

— On me l’a dit, et mon opinion, sur ce point importe peu… Mais savez-vous, Robertine, que le major m’a fait une fois une déclaration d’amour ?

— Eh bien ?

— Eh bien, ma sœur, continua Florence avec une sorte de terreur comique, la déclaration du major est imprimée tout au long dans Claire d’Albe, de madame Cottin… un roman qui m’a fait bien pleurer, chère sœur !

— Vous auriez dû, Florente ; y puiser un peu de compassion pour les blessures que font vos beaux yeux…

— Cette phrase-là était dans la déclaration de M. Vernier ! s’écria vivement Florence : vous avez donc lu Claire d’Albe ?…

Elle s’interrompit, comme si elle eût craint d’avoir blessé la baronne, et ajouta, mais cette fois sans railler :

— Ah ! qu’ils sont jolis, ma sœur, les héros de madame Cottin !

— Pauvre major ! murmura la baronne ; quel malheur pour lui de ne point ressembler à Maleck-Adhel !

Mademoiselle d’Osser regarda Robertine en face, et fronça légèrement la courbe noire et finement tracée de ses sourcils.

— Seriez-vous donc du parti de Vernier ? demanda-t-elle avec inquiétude.

— Moi, chère enfant, répondit la baronne qui l’attira jusqu’à elle et mit un baiser sur son front, je suis du parti de votre bonheur…