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— Mon frère est bien bon, poursuivit Florence ; et savez-vous le nom de mon mari ?

— Assurément, ma sœur… C’est toujours le major Vernier.

— Ah ! Armand est un phénix pour la constance… et je vous en félicite, chère sœur… Mais moi je n’aime pas les militaires.

— Oh ! fit à son tour Robertine, les moustaches vous font peur ?

— Mon Dieu ! non… au contraire… Mais je ne me représente jamais le militaire que d’une certaine façon.

— Et peut-on vous demander ?…

— Pourquoi pas ?… Un militaire, pour moi, c’est un grand garçon en corset, l’air content, le cou roide, qui fait des yeux en coulisse chaque fois qu’il approche une femme de plus près que trente pas, et qui vous salue en mettant sa main sur son cœur, si votre fenêtre s’ouvre en face de la sienne.

— Ah ! Florence, dit Robertine en riant, tous les militaires ne sont pas ainsi.

— Je le veux bien, ma sœur ; il y en a qui envoient des baisers à travers la rue, je suis forcée d’en convenir.

— Méchante ! interrompit la baronne en mettant sa fine et blanche main sur la bouche rose de mademoiselle d’Osser ; vous savez bien que le major est un homme grave et parfaitement élevé…