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mais qui développa aussi plus d’une femme réellement distinguée. Florence était particulièrement faite pour profiter de cet enseignement pompeux, emphatique, presque théâtral, et dont chaque détail semblait emprunté aux imaginations pédantes de madame de Genlis. Trop vive, trop pétulante, trop gaie, Florence avait besoin d’un frein ; ce frein ne lui manqua pas. On la combla si parfaitement de maximes à la Campan, de frivolités solennelles, de vers philosophiques ; on lui fit jouer, en costume de rosière, tant de petits drames vertueux, on la satura en un mot si généreusement d’ennui tout pur, qu’elle perdit là ce trop-plein de vie et de sève qui est, dit-on, une condition mauvaise pour entrer dans le monde.

En outre, elle prit, parmi cette atmosphère d’affectation, une haine fort développée contre l’affectation.

En sortant du pensionnat, Florence avait passé quelque temps chez son frère, où elle avait noué avec Robertine les liens d’une sincère et tendre amitié. Ensuite, elle était partie pour Tours, où habitait la sœur de son père.

C’était là toute l’histoire de Florence, sauf le petit épisode d’amour qui est dans l’histoire de toute jeune fille, et qui est vieux comme l’Odyssée.

Le héros du petit roman de Florence se nommait Lucien de Pons. C’était un beau