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ronne et elle paraissaient être exactement du même âge. Mademoiselle d’Osser ressemblait à son frère ; elle avait la même coupe de traits ; seulement, elle était parfaitement exempte de cette nuance commune qui déteignait sur la beauté d’ailleurs remarquable du baron. Il y avait sur la figure de Florence une soudaineté d’expression, une mobilité spirituelle et vive qui mettait un contraste entre sa physionomie et celle d’Armand, tout en n’excluant point la douceur, résultant presque toujours de l’entière régularité des lignes. Elle avait de beaux yeux bruns, pas très-grands, mais fendus moelleusement et glissant des regards de vierge coquette à travers la frange de soie de ses longs cils. Il se jouait un sourire malicieux, naïf et gai, autour des lignes charmantes de sa bouche, et rien n’égalait la grâce infinie des mouvements de son cou blanc, nerveux, sous sa forme arrondie.

Peut-être ses yeux brillants savaient-ils rêver et se voiler d’amour, mais ils avaient l’air d’être faits tout exprès pour sourire. On n’apercevait nulle trace de langueur dans leur sereine insouciance. On eût dit que la belle jeune fille dormait encore sur l’oreiller de son ignorance d’enfant, et que le souffle de la passion, tardant à s’élever, n’avait point jeté ses joies tumultueuses, ses alarmes chères, ses adorées et redoutables tempêtes, parmi le calme tiède de son âme.