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ne doit-on pas se reprocher doublement l’offense commise envers ceux qu’on aime et qui souffrent ?

Aussi Armand, pendant ces deux jours, avait-il accablé Robertine des soins les plus assidus et les plus tendres. Il avait payé en amour la dette de son aveugle jalousie. Robertine recevait ces témoignages avec reconnaissance, et semblait en être bien heureuse.

Il était trois heures après midi. Armand venait de se retirer dans son cabinet. Florence et Robertine, seules toutes deux, causaient. La bergère de Florence touchait le lit ; la tête de Robertine, ramenée jusque sur la dentelle du bord extérieur de l’oreiller, mêlait ses abondants cheveux blonds aux mèches brun clair, chatoyantes et lustrées qui jouaient, incessamment agitées, autour de la joue fraiche et pleine de mademoiselle d’Osser. La main de Robertine sortait des couvertures, et Florence la tenait doucement serrée entre les siennes.

C’était un groupe charmant, tout plein d’intime et suave poésie. Il eût été malaisé de dire laquelle des deux était la plus jolie ou la plus belle. Un peintre eût hésité dans son choix. Un poëte, tout en s’inclinant devant les juvéniles séductions de mademoiselle d’Osser, eût donné la préférence peut-être aux grâces intelligentes et nobles qui couronnaient le front de Robertine.

Florence avait dix-neuf ans ; mais la ba-