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en sa personne qui fût précisément remarquable. C’était un fort beau cavalier, un peu épais, un peu lourd, un peu nul. Mais tout cela modérément et de manière à le laisser capable de jouer passablement son rôle en toutes circonstances, ne sortant point trop énergiquement de l’ornière commune.

Il avait une figure pâle et pleine, coiffée de cheveux noirs bouclés. Ses traits, taillés avec une certaine finesse, possédaient ce caractère fashionable et banal que le monde appelle distinction, par le plus étrange de tous les abus de mots. Son regard avait de la bonté ; son sourire était joli comme un sourire de femme ; sa physionomie ne saillait point.

Dans un salon, le baron ne laissait pas de faire un effet fort enviable. Bien tourné, riche et sachant à fond les rubriques mondaines, ne manquant point de cœur, il passait, avant son mariage, pour le cavalier le plus accompli qu’on pût voir.

Son mariage lui-même, tout en l’exposant à quelques railleries, avait jeté sur lui un certain reflet romanesque.

Ce mariage, en effet, était une mésalliance.

Armand, fils d’un ancien répétiteur à l’école de Brienne, fort estimé de l’empereur et admis dans son intimité, avait largement profité de la faveur paternelle. À un âge où d’autres végètent dans les bas grades de l’administration, il avait été élevé tout d’un coup