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Armand renvoya la camériste d’un geste.

— Elle n’a pas appelé de tout le soir !… murmura-t-il d’une voix sourde.

Il sentait ses doutes s’évanouir devant la certitude accablante ; pourtant il essayait de douter encore.

Ce fut d’un pas chancelant et pénible qu’il prit le chemin de la chambre de sa femme. Il fit jouer le bouton. La porte résista.

Il se souvint alors d’avoir tourné la clef et fermé la porte par mégarde deux heures auparavant.

— Elle était déjà sortie ! se dit-il, et elle n’est pas rentrée encore !

La sueur découlait de son front, abondante et glacée.

Il hésita durant quelques minutes ; puis, son visage devint sévère et froid comme celui d’un juge.

Il entra…

Robertine était couchée sur son lit, et dormait profondément. Armand étouffa un cri de surprise et de joie. Il sentit comme un délicieux baume couler sur la blessure de son cœur. La clef qui accusait naguère absolvait maintenant, et l’innocence était prouvée sans réplique.

Et cependant Armand voulut accumuler d’autres preuves encore, avide qu’il était de se reposer après son angoisse dans une sécurité entière. Il chercha, fouillant de l’œil, les moindres recoins de la chambre.