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étages ; car il était sûr d’y avoir vu entrer Robertine.

Mais il y avait une grande heure de cela !

Et puis, était-ce bien Robertine ?

En voyant cette maison noire, étroite, misérable, Armand se prenait à douter. Robertine si belle, si distinguée, si délicate en ses caprices de jeune femme, venir en cachette dans ce taudis ! n’était-ce pas chose impossible ?…

Armand avait vu, mais il récusait maintenant ce témoignage, ou plutôt il voulait douter, cherchant à toute force une consolation où reposer un peu son âme harassée.

D’autres fois, ce doute appelé s’enfuyait. Armand retombait alors de son haut dans l’angoisse de sa certitude ; mais, en ce moment même, lorsque les demi-mots et les paroles à double sens du faux monnayeur lui revenaient à la mémoire, sa jalousie ne s’élevait point contre cet homme. Armand ne gardait contre lui qu’une vive et profonde rancune. L’idée que cet homme pût être son rival ne voulait point entrer en son cerveau.

Et réellement, à supposer même que Robertine fût coupable, il y aurait eu folie à supposer le choix d’un tel complice !

Armand était un homme dont la vie, jusque-là, s’était écoulée tranquille et sans qu’une grande douleur se fût jetée jamais à la traverse. Il ne savait point souffrir. Les tortures morales et la fatigue physique de