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se perdait la belle ligne de ses sourcils. Elle avait un regard charmant où le sourire mettait d’adorables tendresses ; mais ses grands yeux d’un bleu obscur, radié de traits brunis, semblaient garder, derrière leur expression de bonté suave et sereine, quelque chose de robuste, de ferme et de vaillant. Sa bouche aussi, parmi les ris avenants de son arc, délicatement arrêté, avait comme un latent race de volonté puissante et indomptable.

Elle était grande, souple, svelte, et les moindres détails de son corps semblaient modelés par la main d’un sculpteur de génie. Soit qu’elle remuât, soit qu’elle fût immobile, il y avait autour d’elle comme un rayonnement de gracieuse perfection.

Car, ce qui dominait en elle, c’étaient la bonté, la douceur, la grâce. Cette volonté mâle dont nous avons parlé ne se montrait point aux heures paisibles de la vie ordinaire, et demeurait cachée sous cette patience indulgente qui est le charme de la femme, comme autrefois l’armure d’acier des preux se cachait, aux jours de fêtes, sous les molles draperies du velours.

M. le baron Armand d’Osser, son mari, était un homme de trente ans, fils des faveurs impériales, et rendu à la vie privée par la restauration des Bourbons.

On était à la fin de l’année 1816.

M. le baron Armand d’Osser n’avait rien