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— Sur mon honneur, je ne signerai pas !

— Votre honneur !… répéta M. Chose entre haut et bas ; qui sait ce qu’il devient en ce moment, cher monsieur ?…

Armand, par un élan impossible à réprimer, se rua sur le provincial avec rage ; mais le provincial était réellement un homme très-difficile à prendre sans vert ; Armand sentit incontinent ses deux bras meurtris par une double étreinte, égale, inflexible, patiente, comme la pression d’un étau.

Il essaya de se débattre. Peine perdue. L’étau se resserra davantage.

Enfin, de guerre lasse, épuisé de colère et de souffrance, il cessa de s’agiter.

— À votre âge, dit tranquillement M. Chose qui avait soutenu cette lutte sans aucun effort apparent, je passais pour un gaillard assez robuste… mais je me fais vieux… Maintenant, raisonnons, cher monsieur… Vous voyez que vous êtes complétement en mon pouvoir… Eh bien !…

Le provincial s’interrompit et approcha son visage tout près de celui d’Armand qu’il tenait par les deux bras. Ses yeux flamboyèrent tout à coup terriblement.

— Eh bien ! poursuivit-il d’une voix sèche et stridente qui contrastait étrangement avec la douceur mesurée de ses inflexions habituelles ; eh bien ! j’ai envie de vous tuer, baron d’Osser ! entendez-vous ?…

Il enfonça ses doigts dans la chair du bras