Page:Féval - Une pécheresse, volume 1 - 1849.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je vous promets tout ce que vous voudrez, dit-il ; laissez-moi sortir !

— Veuillez, cher monsieur, ne point augmenter le dommage, dit le provincial en se donnant le soin de relever le siège abattu ; je vois du reste que nous allons facilement nous entendre, et j’ai peut-être commis une faute en ne vous demandant que trente mille francs… Mais ce qui est fait est fait ; je ne connais, moi, en affaire, que la loyauté !…

Ce disant, il fouillait la profondeur des poches de son large habit bleu, d’où il retira un portefeuille de grande taille, arrondi par la masse de papiers qu’il contenait.

— Je vous supplie de ne point vous impatienter, reprit-il ; désormais, il ne s’agit plus que d’une petite formalité… Vous allez avoir, s’il vous plaît, l’obligeance de me signer une reconnaissance de trente mille francs.

— Vous ne l’espérez pas !… dit Armand que ce sang-froid exaspérait et confondait.

— Si fait, cher monsieur… ou plutôt, je fais mieux, j’y compte… Je me demande seulement s’il est bien nécessaire d’employer du papier timbré… Je n’en trouve point dans mon portefeuille, et les bureaux doivent être fermés à cette heure.

— Je ne signerai rien ! s’écria le baron en frappant du pied.

— Si fait, cher monsieur… Voici justement une feuille de papier à lettre tout entière.