Page:Féval - Une pécheresse, volume 1 - 1849.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 48 —

— Que de bontés, cher monsieur ! interrompit M. Chose d’un ton pénétré.

— Mais, poursuivit Armand, je ne sais point accorder l’aumône qu’on me demande avec menaces… Vous n’avez rien à attendre de moi.

Ceci était assurément fort bien dit et pensé très-dignement. Le baron venait de parler comme s’il eût été dans son salon, avec toute facilité de faire jeter à la porte par ses gens un importun solliciteur. Et il faut avouer que, à part la colère bien naturelle qui mettait dans la bouche d’Armand ces paroles provoquantes, il y avait aussi l’honnête et pacifique tournure du provincial qui devait encourager toute sortie de ce genre. M. Chose écoutait d’un air humble ; son sourire semblait demander grâce.

— C’est le moins qu’on puisse donner, murmura-t-il pourtant. Allons, allons, enfants, continua-t-il en s’adressant à ses deux aides qui tendaient curieusement l’oreille, au lieu d’écouter ce que M. le baron veut bien me faire l’honneur de me dire, avancez la besogne !… Comme cela, cher monsieur, nous ne devons rien attendre de votre bonne volonté ?

— Pas une obole ! dit Armand qui se leva.

— Diable ! cher monsieur, vous dérangez bien souvent Larigo. Larigo ! va te remettre derrière M. le baron. Cher monsieur, je ne vous prie plus de vous asseoir, ce serait abu-