— Cher monsieur, aujourd’hui, ou plus tard, j’espère sincèrement que vous en viendrez à me comprendre… En attendant, je suis bien aise de vous faire savoir que vous me devez la liberté, peut-être la vie…
Le baron fit un geste de méprisante incrédulité.
— Viens ça, Larigo, dit le provincial. Vous voyez bien cet honnête compagnon, cher monsieur ?… Il n’est pas beau, cela saute aux yeux, mais il a dix-neuf ans de bagne. Vous souvient-il de certaine visite domiciliaire que la police eut bien le front d’opérer chez vous ? Baron, vous n’étiez pas à votre aise !… et quand on visita certaine chambre, vous eussiez voulu être à cent pieds sous terre… Pas du tout ! une bonne fée avait passé par là et fait table rase. La police n’y vit que du feu…
Il prit la main noire et calleuse de Larigo.
— Salue, mon garçon ! lui dit-il. M. le baron, j’ai l’honneur de vous présenter la fée en question…
— Mais la porte était murée, repartit Armand.
— Il est rare, cher monsieur, que les fées s’astreignent à entrer par les portes, et Larigo est comme les fées… Larigo ! apporte-moi un des coins de l’hôtel d’Osser.
L’obéissant Larigo apporta incontinent un coin à l’effigie de l’empereur. Armand l’examina un instant.