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festé par vous serait pour moi un ordre ; mais je regarde comme positivement nécessaire une courte entrevue de vous à moi… je dis courte, parce que, si vous êtes pressé, je le suis aussi, ayant ici tout près un petit rendez-vous délicieux…

Le provincial prononça ce dernier membre de phrase en appuyant légèrement sur chaque mot.

Armand n’eut garde de donner son attention au côté plaisant de l’aventure. La phrase du provincial résonna douloureusement au dedans de lui. Un rendez-vous ! à cette heure même où Robertine…

Armand défaillit à cette pensée.

— Que voulez-vous de moi, monsieur ? demanda-t-il avec accablement.

— Retourne à l’ouvrage, Larigo, dit M. Chose ; M. le baron entend maintenant la raison.

Larigo, qui avait obéi à la première injonction du provincial, obéit de même à ce nouvel ordre, et revint vers l’appareil, où travaillait toujours Germain Barroux. Le regard d’Armand prit à son insu la même direction. Il tressaillit à la vue de l’appareil qu’il avait oublié entièrement dans la confuse détresse de sa pensée.

— C’est une chose pitoyable ! reprit le provincial en haussant les épaules ; vous qui avez été dans la partie, M. le baron, ce bouvard doit vous faire compassion… Mais, que