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— Si je savais de qui veut parler M. le baron ?…

— Fou que je suis ! interrompit Armand. Non ! non ! elle ne peut être ici… Qu’y serait-elle venue faire ?

Le provincial eut une petite moue dans laquelle il y avait vraiment beaucoup de fatuité.

— On ne sait pas, monsieur… répondit-il sèchement.

— C’est une fatalité qui m’a poussé dans votre demeure, poursuivit Armand, j’ai perdu sa trace… Monsieur, ne me retenez pas, je veux sortir !

— Larigo ! dit M. Chose, mets-toi derrière M. le baron… Ceci est un excès de précaution, ajouta-t-il le plus naturellement du monde et en faisant à Armand un signe amical, puisque je suis évidemment assez fort pour vous retenir là aussi longtemps que durera ma fantaisie. Mais excès de précaution ne nuit jamais… Encore une fois, je vous supplie de vouloir bien prendre la peine de vous rasseoir.

Afin, sans doute, de donner plus de poids à sa prière, il mit sa main sur l’épaule d’Armand, comme font envers leurs amis trop pressés les bonnes gens qui croient pouvoir user de douce violence, et l’assit, sans secousse aucune, sur son siège.

— Mon cher monsieur, reprit-il, en toute autre circonstance le moindre désir mani-