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point de ces pauvres artistes qui coulent naïvement une cuillerée de plomb dans un moule grossier de soufre ou de plâtre. Fi donc ! Ils battaient monnaie, dans toute la force du terme, ni plus ni moins que le roi de France ou le prince de Monaco. Seulement, comme l’installation d’un balancier a des inconvénients graves et coûte cher, ils avaient remplacé la bascule moderne par le lourd marteau appelé bouvard, dont faisaient anciennement usage tous les hôtels de monnaie.

Le baron vit cela. Il vit en outre les trois hommes au pouvoir desquels il se trouvait.

Le seul qui frappa en ce moment son attention fut le propriétaire de cette voix miséricordieuse qui s’était élevée dans l’ombre pour son salut. En ce faux monnayeur, le baron reconnut Germain Barroux, son ancien valet.

Germain était un grand garçon de bonne humeur, qui prit la lampe et l’approcha tout près du visage du baron.

— Non, non, reprit-il avec un gros rire, celui-là n’est pas un mouchard !… C’est un digne monsieur qui s’est donné bien du mal pour nous… Je réponds de lui, M. Chose… Il est doux comme un agneau… La porte est fermée ; vous n’avez qu’à le lâcher.

M. Chose ne jugea point à propos de rendre la liberté à son captif.

— C’est très-bien, dit-il, mais comment le nommes-tu, ce monsieur ?