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de trouble, parmi ses souvenirs confus, le nom de l’homme à qui cette voix appartenait.

L’individu qui bâillonnait la bouche d’Armand parut hésiter.

— Tu le connais ? demanda-t-il.

— Oui, oui, répondit la voix en riant ; et vous le connaissez aussi… c’est lui qui nous fait gagner notre pain… Allons ! Larigo, je tiens une allumette : ferme la porte !

Le propriétaire de la voix secourable lâcha le baron, qui se trouva retenu seulement par M. Chose ; mais M. Chose était de force à se charger tout seul d’une pareille besogne.

On entendit la porte se refermer. Presque au même instant, la lampe, rallumée, éclaira les objets autour de M. le baron d’Osser.

Il aperçut alors et n’eut point de peine à reconnaitre un attirail complet de fabrication de fausse monnaie. Ici une description aurait bien son attrait. C’est chose curieuse et peu connue qu’un atelier de faux monnayeur ; mais il faut de la conscience, et, réellement, nous ne nous reconnaissons pas le droit d’employer nos loisirs à enseigner aux hommes de bonne volonté l’art ingénieux de confectionner, avec un étain vil, de belles et brillantes pièces de cinq francs.

Le baron, qui était jusqu’à un certain point du métier, démêla d’un coup d’œil tous les détails de cette industrie illicite. Il aperçut, alignés sur une table, les flans de métal préparés pour le frappage, car nos gens n’étaient