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passage. En trois enjambées, il gagna cette allée et entendit, à sa gauche, une porte se refermer dans l’ombre.

Il n’y avait pas à douter ; Robertine était là…

Le baron fit à son sang-froid un appel désespéré. Il s’approcha doucement de la porte, et ne put saisir qu’un son sourd et régulier, semblable au bruit d’un pesant marteau de forge qui tomberait, à intervalles égaux et lents, sur une barre de fer, amollie par le feu.

Nulle voix de femme ou d’homme d’ailleurs : le silence.

Il s’éloigna. Ses yeux, habitués à l’obscurité, aperçurent une lueur à travers les fentes de la porte.

Armand était, pour le courage comme pour tout le reste, un homme ordinaire, fort éloigné de l’héroïsme assurément, mais à l’abri de toute accusation de lâcheté. Il était d’ailleurs dans l’un de ces moments où nul ne marchande avec le hasard. Sa femme était là, derrière cette porte. Frapper, c’était s’annoncer et donner l’éveil…

Or il voulait surprendre.

Il s’éloigna jusqu’au mur opposé ; puis, prenant son élan, il planta un furieux coup de pied au milieu de la porte vermoulue. La porte s’ouvrit.

Armand vit, durant le quart d’une seconde, trois hommes occupés autour d’une sorte de