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trottoir opposé durant quelques minutes, elle tourna brusquement dans la rue de la Michodière.

Le baron, trempé de pluie et de sueur, la suivait toujours. Aux lueurs des réverbères et des magasins brillants du boulevard fashionable, la dame qu’il croyait être Robertine lui était apparue plus distinctement. Il la voyait fuir devant lui et pouvait percevoir, sinon les détails de sa taille, cachée par les draperies affaissées de la mante de soie, du moins les particularités de sa démarche et de son port.

De plus en plus il se persuada que c’était bien madame la baronne d’Osser.

— Où allait-elle, bon Dieu ?… Quelle passion frénétique ou quelle nécessité de fer ne fallait-il pas supposer ?…

Armand ne raisonnait certes point en ce moment, mais un chaos d’idées se pressait avec confusion dans sa cervelle en fièvre. Il sentait à chaque instant le fil de ses pensées se perdre, puis la lumière se faisait violemment au dedans de lui ; le sentiment du malheur présent envahissait son âme. Il souffrait horriblement. Puis encore, il doutait ; ou bien sa fièvre changeait de nature ; ce n’était plus la douleur, c’étaient une poignante inquiétude et une curiosité ardente.

Parce que, toujours, sen question revenait à sa pensée :

« Où va-t-elle ? »