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la Monnaie de Paris un fait fort étrange, dont les journaux firent grand bruit, et qui donna beaucoup de besogne à la police. Les coins à l’effigie de l’empereur, qui avaient servi durant les cent-jours, disparurent mystérieusement, sans qu’on pût accuser de cette soustraction personne autre qu’un membre ou que des membres de l’ancienne administration de la Monnaie. Ce ne pouvait être, en effet, acte de malfaiteur, puisque nul déficit n’existait dans les magasins d’or et d’argent monnayés.

Pourquoi cette soustraction ?

À coup sûr, il était permis à un gouvernement nouvellement rétabli de voir dans ce fait un symptôme de conspiration, ou tout au moins la marque d’espérances et d’arrière-pensées politiques. Aisément pouvait-on deviner que ces coins soustraits fonctionneraient au besoin à la moindre tentative de la révolution comprimée, mais non vaincue. C’était une chance que le bonapartisme traqué mettait en réserve pour des combats futurs et une vengeance convoitée dans l’avenir.

Les membres de l’administration, qui avaient gardé leurs places, étaient naturellement à l’abri du soupçon. Restaient les démissionnaires et destitués : les mécontents. Parmi ceux-ci, le plus élevé en grade et le plus jeune en même temps, celui qui devait regretter le plus le régime impérial,