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caractère si supérieur aux vains accès des caprices féminins que, tout d’abord, Armand n’eut pas même la pensée d’assigner une autre cause que la souffrance à ce triste incident. Il resta seul dans la chambre bleue, mécontent, malheureux, inquiet. Le bruit de la tempête qui faisait rage au dehors, loin de produire en lui une réaction de bien-être et de gaieté, l’assombrissait maintenant d’avantage.

Son amour, assoupi dans le repos, s’éveillait vivement au dedans de lui. Et en même temps, tout au fond de son cœur, de vagues élancements de jalousie commençaient à le poindre sourdement.

Être jaloux ! Pourquoi ?

Qui sait ? Armand n’avait nul motif, à moins qu’on ne prenne pour tel la longue résistance de Robertine ; mais on est jaloux, parce qu’on est jaloux.

Pendant une demi-heure, il prit son mal en patience. Puis, il sortit du petit temple et se dirigea vers la chambre de sa femme. Il voulait la voir, lui parler… La clef était dans la serrure. Il n’y avait déjà plus de lumière chez Robertine.

Armand mit la main sur la clef et la fit jouer, mais, dans son trouble, au lieu d’ouvrir, il ferma la porte à double tour.

Il écoutait. Robertine ne s’informait point du motif de ce bruit.

— Elle dort… se dit-il.