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Robertine ne répondit point. Elle souriait aussi ; mais de ce sourire machinal et comme stéréotypé qui reste autour de la bouche après qu’a fui la pensée qui le fit naître.

Pour la première fois, Armand crut reconnaître en elle quelque chose d’étrange, et sentit naître en lui une vague inquiétude.

La pendule sonna sept heures.

Au premier son du timbre, Robertine tressaillit violemment et devint pâle comme une morte.

— Qu’avez-vous ? dit Armand sérieusement effrayé.

Robertine fit un effort pour sourire encore. Elle ne put. Ses traits avaient une expression d’indicible épouvante.

— Je ne ais… murmura-t-elle ; je souffre… Permettez-moi de me retirer dans ma chambre.

— Je vous y accompagnerai, dit Armand qui voulut la soutenir.

Robertine dégagea sa taille et fronça légèrement ses délicats sourcils.

— Veuillez avoir pitié, monsieur, prononça-t-elle avec impatience : je vous dis que je souffre… tout m’irrite… je veux être seule !

Armand s’éloigna, surpris et attristé. Robertine traversa le salon en marchant péniblement et sortit.

C’était une créature si douce de cœur, un