Page:Féval - Une pécheresse, volume 1 - 1849.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 13 —

En ce moment, une préoccupation pénible et puissante paraissait l’absorber complétement. Ses mains étaient croisées sur ses genoux, et ses yeux grands ouverts perdaient leurs regards dans le vide.

Armand venait de déplier une lettre qu’il relisait attentivement.

La baronne releva une de ses mains qu’elle passa lentement sur son front. Sa paupière trembla, et une larme descendit le long de sa joue.

Ce fut l’affaire d’une seconde. Quand Armand referma sa lettre, Robertine souriait.

— Mauvais temps pour cette pauvre Florence ! dit-il ; elle aurait mieux fait d’attendre quelques jours pour se mettre en route.

— Bonne petite sœur ! répliqua la baronne ; que je suis aise de la revoir !

Armand repoussa la table et approcha son siège de celui de sa femme.

— Je suis bien heureux de vous voir vous aimer ainsi toutes les deux, dit-il en baisant la main de Robertine.

Le vent sévissait de plus en plus au dehors. Les vitres tintaient sous les coups redoublés de la grêle. Le baron eut un frisson d’aise à ces menaces vaines de l’orage.

— Savez-vous, Robertine, reprit-il avec un sourire d’amant, voici la dernière soirée : que nous passons en tête à tête ?… Demain, Florence sera entre nous deux.