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baron et de la baronne, peints par Isabey, ce Van Dyck de la miniature, cachaient le bas de leur cadre derrière le grêle feuillage de deux arbustes-bruyères, mignons et frais dans leur jardin de porcelaine.

Puis, de chaque côté, de rares tableaux pendaient aux lambris. Ici, c’est une esquisse de Prud’hon ; là, quelqu’une de ces ravissantes petites toiles où Demarne bornait ses jolis horizons ; ailleurs encore un paysage de Michalon-l’Épique.

La chambre bleue ne faisait point partie intégrante de l’hôtel d’Osser. Elle occupait tout le premier étage d’un kiosque, élevé au centre d’un beau jardin, et se reliait au principal corps de logis par une galerie vitrée toute pleine de fleurs.

L’hôtel lui-même formait l’angle de la partie construite de la rue Chauchat, où s’ouvrait sa blanche façade, et de la rue de Provence, que prolongeait, par derrière, le mur du jardin.

Il faisait, ce soir-là, un temps de novembre. Le vent soufflait par brusques rafales, secouant au dehors les branches dépouillées des arbres et fouettant plaintivement les carreaux des fenêtres. Dans cette pièce reculée, où n’arrivait aucun des bruits de Paris, la tempête retrouvait la voix grave et forte qu’elle perd d’habitude en passant parmi le fracas des villes. À n’ouïr que cette harmonie sauvage, volontiers se serait-on cru dans