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la jeune sœur d’Armand, vive et franche enfant, lui donna tout de suite la meilleure place dans son cœur.

Depuis lors, elle avait entouré son mari de tant de dévouement et d’amour, que la jalousie, éveillée vaguement d’abord, avait dû s’assoupir, sinon s’éteindre.

Un soir de novembre de l’année que nous avons dite, M. et madame d’Osser étaient réunis dans une charmante pièce, meublée suivant la mode des dernières années de l’empire, et que les amis de la maison avaient coutume de nommer le petit temple ou la chambre bleue.

Pour quiconque se-souvient des prédilections mythologiques de la mode à cette époque, ce nom de petit temple, appliqué à un boudoir, paraîtra logique et convenable : cela motivait en effet des phrases jolies comme « la divinité de ce temple, » etc.

C’était, du reste, une retraite délicieuse, malgré la rigide sécheresse des ornements du temps, et partout s’y montrait le goût parfait de Robertine. La jeune femme s’y plaisait. Quelque part, sur un sofa, on apercevait sa broderie commencée. Sa harpe, cachée dans une embrasure, soulevait le coin du rideau et montrait le sommet contourné de son élégant triangle d’or.

Au-dessus de la cheminée, dont le tablier à demi ouvert montrait quelques-unes de ses écailles en laque japonaise, les portraits du