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suya une grosse larme qui roulait sur sa joue.

— L’homme de loi, reprit M. Constant, a voulu plaider auprès d’elle. Il a démontré clair comme le jour non seulement que Maurice serait pour le moins condamné à perpétuité, mais encore qu’une fois la chose faite il n’y aurait plus à y revenir à cause des difficultés posées par la loi française à la révision des procès criminels. Il a cité Lesurques et bien d’autres, mais rien n’y a fait, parce que la petite avait son idée. J’abrège, maintenant. On l’a recouchée, bien entendu, et le conseil de famille s’est réuni à un autre étage. Là, pendant que la marquise se tordait les mains et que les autres jetaient leur langue aux chiens, le colonel, qui est fin comme l’ambre, a ouvert tout doucement l’avis de vous faire chercher et de vous employer à persuader la petite.

— Ah ! fit Mme Samayoux étonnée elle-même du mouvement de défiance qui la prenait.

— Il a semblé que c’était de la manne dans le désert, poursuivit M. Constant ; tous ceux qui étaient là avaient saisi maintes fois votre nom sur les lèvres de la chère enfant. On savait en outre de quelle affection vous entourez le lieutenant Maurice Pagès. Séance tenante, on m’a dépêché sur vos traces, qui n’étaient pas des plus aisées à trouver, soit dit sans reproche ; mais enfin je vous ai rencontrée, vous voilà suffisamment renseignée sur ce qui se passe là-bas : voulez-vous être l’auxiliaire d’une noble et malheureuse famille qui cherche à sauver son enfant ?

La veuve fut quelque temps avant de répondre. Elle songeait.