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mais voilà le hic : vous ai-je dit que tout ça se passait dans la chambre voisine de celle où couche mademoiselle Valentine ?

— Non. Elle avait tout entendu ?

— Juste, et ce fut un coup de théâtre auquel on ne s’attendait pas, je vous en réponds.

Il y avait trois ou quatre jours qu’elle n’avait ni bougé ni parlé, sinon pour prononcer votre nom, ma brave dame, et celui de Maurice, tout doucement, sans presque remuer les lèvres, comme font ceux qui causent en rêvant.

Une mine qui aurait sauté au milieu de la chambre n’aurait pas plus étonné la famille que la voix de Valentine de Villanove s’élevant tout à coup et disant :

— Je ne veux pas !

— Elle parlait à travers la porte ? demanda la veuve, dont la voix tremblait.

— Non pas ! elle avait descendu de son lit toute seule ; toute seule elle avait traversé sa chambre. Elle avait ouvert la porte sans bruit, elle était debout sur le seuil, pâle comme une statue de marbre, et si belle qu’on en restait comme ébloui.

Elle se tenait droite, elle ne s’appuyait à rien et personne n’eut l’idée d’aller la soutenir, tant elle semblait forte et solide.

— Il me semble que je la vois ! murmura la veuve. Oh ! pauvre, pauvre Maurice !

— Bien vous faites de plaindre celui-là, car sa vie et sa liberté sont en question.

— Je ne veux pas ! a donc répété la demoiselle, il est innocent, je le jure, devant Dieu ! Il a déjà fui une fois parce que les