Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intervalles réguliers une bouffée de fumée formait un petit nuage autour de sa tête.

Quand Échalot reprit sa marche, ses jambes ne tremblaient plus. Il s’approcha de la voiture en étouffant le bruit de ses pas dans la neige et regarda le cheval attentivement.

Puis, prenant la voie battue et allant les mains derrière le dos, comme un passant, il appela tout bas :

— Oh ! hé ! Giovan-Battista !

Le cocher tressaillit sous son carrick et tourna la tête sans répondre.

— Est-ce que Toulonnais-l’Amitié a sa petite dame dans ce quartier-ci ? demanda encore Échalot.

Le cocher repartit cette fois avec un fort accent napolitain.

— Vous vous trompez, l’ami, suivez votre chemin.

— Pardon, excuse, fit Échalot, qui obéit, pas d’affront ! je vous prenais pour une connaissance.

Et au lieu de continuer vers la rue Saint-Denis, il disparut dans les terrains, derrière la baraque de Mme Samayoux.

À l’intérieur, la dompteuse avait repris place vis-à-vis de M. Constant, qui disait :

— Dans ces affaires-là, ma bonne dame, je ne me confierais ni à mon frère ni à mon père, et vous allez bien voir que la moindre imprudence pourrait tout perdre. Le docteur Samuel est un particulier qui ne se dérangerait pas pour le pape, et ça se conçoit, puisque son établissement est en vogue, sa clientèle superbe, et qu’en plus il a toute une charretée de foin dans ses bottes. Eh bien ! depuis que la petite demoiselle est chez nous, il a mis son propre appartement