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états. Asseyez-vous encore un petit peu, brave madame… Mais est-ce étonnant comme tout le monde l’aime ! j’étais bien certain que vous sauteriez sur l’idée de la voir comme sur du gâteau ! Elle a un charme dans son petit doigt, c’est sûr. Allumez donc voir un petit bout de chandelle pendant que je vas fourgonner le poêle. Il n’y a pas de bourrelets à vos portes, dites donc !

— Allume, Échalot ! ordonna Mme Samayoux.

— Tiens ! fit M. Constant, qui avait déjà le tisonnier à la main, j’avais oublié ce bonhomme-là.

Il ajouta en baissant la voix :

— Ça aurait pu causer un grand malheur, si quelqu’un avait écouté les choses qu’il me reste à vous dire.

Échalot venait en ce moment vers la table avec de la lumière.

En la posant auprès de la bouteille, et malgré sa timidité accoutumée, il regarda M. Constant bien en face.

Les yeux de celui-ci étaient justement fixés sur lui par-dessus ses lunettes. Les paupières d’Échalot se baissèrent et le sang lui monta aux joues.

M. Constant allongea le bras et lui toucha l’épaule.

Échalot recula.

— Ma poule, lui dit l’officier de santé, tu as les oreilles longues, je vois ça, et tu voudrais bien écouter la suite.

— C’est une bonne et simple créature, interrompit la veuve.

— Brave madame, fit observer M. Constant avec une sorte de sévérité, ce ne sont pas nos affaires que nous traitons ici, et il y a des choses qu’il ne faut pas confier aux