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le poteau derrière lequel Échalot se cachait à demi.

Elle avait cru voir, dans les ténèbres, qui se faisaient de plus en plus sombres, les regards du bon garçon fixés sur elle avec une expression étrange.

Elle était sûre d’avoir distingué son doigt qui se posait sur sa bouche, comme pour lui envoyer un avertissement ou un signal.

— Je n’ai rien, répondit-elle à la question de M. Constant.

Celui-ci poursuivit :

— Ça ne vous frappe pas, ce que je vous dis là, mais si vous connaissiez seulement le colonel…

— Je le connais, répartit la dompteuse, c’est lui qui vint à la baraque avec cette marquise…

— Juste ! et qui vous donna de l’argent pour avoir bien traité sa nièce.

— Et pour l’emmener, murmura Mme Samayoux.

— Comme de raison. Chez vous, dites donc, ce n’était pas beaucoup la place d’une héritière de noblesse. Mais j’en reviens à mes moutons, la pauvre demoiselle est pour Mme la marquise d’Ornans comme pour le colonel, elle ne veut plus être sa nièce, elle se croit la sœur de l’homme qu’elle avait consenti à épouser…

— Voilà ce qui est bien étrange ! pensa tout haut Mme Samayoux.