Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vrilles, une grande bouche qui ressemble à une plaie et un nez en lame de sabre. Il avait l’air un peu en rage parce qu’il ne pouvait rien tirer de Mlle Valentine, mais il disait à chaque instant : « L’instruction n’a pas besoin de cela ! » Et il ajoutait : « Les deux chambres étaient contiguës : dans l’une, Hans Spiegel, dans l’autre, l’ex-lieutenant Maurice Pagès. Hans Spiegel avait volé les diamants de la Bernetti, qui valaient un demi-million ; Maurice Pagès n’avait pas le sou et il était amoureux d’une jeune personne très riche ; la porte condamnée qui communique du numéro 18 au numéro 17 garde des traces nombreuses d’effraction, et les instruments qui avaient servi à opérer l’effraction ont été retrouvés dans la chambre numéro 18, où l’ex-lieutenant Pagès faisait son domicile… »

— C’est vrai que c’est terrible, balbutia la veuve, dont les tempes étaient baignées de sueur.

Échalot se demandait :

— Quel coup monte-t-il, et pourquoi tout ce bavardage ? C’est quelqu’un d’entre eux qui s’est fait une tête, puisque je ne peux pas mettre son nom sur sa figure !

— Attendez donc, disait cependant M. Constant de sa bonne grosse voix toute ronde, nous ne sommes pas au bout. Et M. Perrin-Champein mâchonnait le nom du lieutenant Pagès comme s’il avait eu dans le bec un lambeau de sa peau. Ah ! ah ! celui-là sait son état et on pouvait bien voir que, dans son opinion, le Remy d’Arx a eu ce qu’il méritait. On ne fait pas comme ça des marchés privatifs sur le dos de la justice, j’entends quand on est magistrat, car vous allez bien voir que je n’en veux pas