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par derrière et sur les côtés, un vrai chien de chasse, quoi ! Il n’a pas seulement baissé le nez vers cette piste-là, et quand Mme la marquise est allée le voir pour lui demander sa protection en faveur de la demoiselle, il a répondu : « Dormez sur vos deux oreilles ; je pense bien qu’il n’y a pas que des roses blanches et des fleurs de lys dans l’aventure de mademoiselle votre nièce, mais ça regarde un conseil de famille bien plus que la cour d’assises. »

— Mais alors, dit la veuve, que son grand espoir étouffait, Maurice aussi doit être à l’abri ?

— Pour le fait divers de la rue d’Anjou, oui, maman ; reste seulement la mauvaise plaisanterie de la rue de l’Oratoire, 6, chambre no 18, au second. Vous voyez si je suis ferré sur ma géographie ! Savez-vous ce que c’est qu’une commission rogatoire, vous ?

— Non, répondit la veuve, je ne sais pas grand-chose, allez, monsieur Constant. Buvez donc, si vous ne trouvez pas mon vin trop mauvais.

— C’est ça ! et vous allez trinquer avec moi ! Une commission rogatoire, c’est quand les juges se dérangent, et M. Perrin-Champein s’est dérangé pour venir chez nous interroger la petite demoiselle : quand je dis petite, elle a une taille superbe, mais de la voir tomber si bas, ça fait l’effet comme si elle était redevenue une enfant. Vous savez, on se fait des idées sur les gens qui ont de certains métiers ; moi, je me représente les messieurs du parquet avec des têtes de vautour ou de faucon : eh bien ! M. Champein est ça tout craché ! Il vous a une paire d’yeux ronds et pointus qui entrent dans le corps comme des