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de baronnes et de marquises : elle mange bien, elle boit bien, elle dort bien…

— Folle ! répéta pour la seconde fois Mme Samayoux ; car elle avait cru d’abord à une exagération de langage : tout à fait folle !

M. Constant hocha la tête gravement en signe d’affirmation et il y eut un silence. Échalot ne travaillait plus depuis que le nouveau venu avait prononcé le nom du colonel Bozzo.

Échalot le dévorait des yeux et prêtait attentivement l’oreille.


VIII

Échalot aux écoutes


Ni Mme Samayoux ni M. Constant ne faisaient attention à Échalot, qui était à demi-caché derrière un poteau.

Le temps avait marché et ces journées de novembre sont courtes ; la baraque commençait à se faire sombre.

M. Constant et la dompteuse étaient assis en face l’un de l’autre.

M. Constant, qui avait l’air d’un homme tout rond, très disposé à prendre ses aises, avait versé sans plus de façon du vin dans les deux verres.

— Je ne suis pas plus bête qu’un autre, reprit-il, quoiqu’on n’ait pas encore songé à moi pour l’Académie des sciences, mais quant à bon garçon, ça y est des pieds à la tête ! vous verrez que nous serons camarades. À votre santé, maman Léo : c’est comme ça que la petite mademoiselle vous appelle.

La dompteuse le regardait d’un air indécis.