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chose des deux siamois attachés naturellement par le ventre, des tas d’argent !

Malgré sa bonne envie d’obéir à la patronne en se montrant discret, son regard ne pouvait se détacher de l’étranger, et il en revenait toujours à penser.

— C’est étonnant ! je jurerais que je ne l’ai jamais vu, et il me semble à chaque instant que je vais retrouver son nom !

Mme Samayoux quitta sa chaise et vint se mettre debout auprès du poêle.

— Je vous ai demandé qui vous êtes, dit-elle en baissant la voix, mais s’il ne vous convient pas de me répondre, c’est égal. Je suis dans la tristesse et le peu que vous avez dit m’a donné un espoir. C’est de Fleurette que vous avez parlé, n’est-ce pas ?

— J’ai parlé de Mlle Valentine de Villanove.

La dompteuse rappela à sa mémoire le récit de M. Baruque et murmura :

— Valentine de V…, c’est bien cela.

— Ou bien encore, poursuivit l’étranger, Valentine d’Arx, car la pauvre malheureuse enfant, depuis qu’elle est folle, s’est mise en tête que c’était là son vrai nom.

— Folle ! répéta Mme Samayoux, dont le souffle s’embarrassa dans sa poitrine. Et elle croit donc être la femme de l’homme qui est mort ?

— Non, fit l’étranger, elle croit être sa sœur. Ah ! ah ! si vous ne savez rien, je vais vous en apprendre de belles…

— Mais, interrompit la veuve, si elle est folle, on ne l’a pas gardée en prison ?

— Parbleu ! elle n’a jamais été en prison.

— Et Maurice ?