et des socques articulés par-dessus ses souliers.
— Suis-je au bout de mes longs voyages ? demanda-t-il en franchissant le seuil. Est-ce ici le séjour de Mme veuve Samayoux, dite maman Léo, première dompteuse cosmopolite et directrice des Prestiges Parisiens réunis aux animaux féroces par privilèges de l’autorité ?
Ceci fut débité avec une emphase moqueuse qui rappelait assez bien le ton de l’arracheur de dents, poussant son boniment entre deux : Allez-la-musique !
Mme Samayoux mit sa main étendue au-devant de ses yeux un peu éblouis par les larmes.
— C’est moi la première dompteuse, dit-elle rudement, qu’est-ce que vous lui voulez ?
Échalot, qui s’était reculé jusqu’à son lion, examinait le nouveau venu à la dérobée et se disait :
— Je ne le connais pas, cet oiseau-là, mais c’est drôle, il y a des têtes qu’on croit toujours avoir vues quelque part.
L’étranger repoussa la porte et fit quelques pas à l’intérieur de la baraque.
— Est-ce qu’on pourrait avoir l’avantage d’obtenir un tête-à-tête avec vous ? demanda-t-il.
— Je ne suis pas en humeur de plaisanter… commença la dompteuse.
— Ni moi non plus, interrompit le nouveau venu ; j’ai ouï conter que vous aviez assommé feu Jean-Paul Samayoux, votre mari, en jouant avec lui de bonne amitié. J’espère vivement que nous ne jouerons pas ensemble. Mais j’ai des choses importantes à vous dire et vous seule devez les entendre.