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prend pas dans les causes célèbres ? c’est ce qui en fait le charme, et sans ça il n’y aurait pas besoin d’audience.

— Parbleu ! approuva-t-on à la ronde.

Gondrequin lui-même parut ébranlé par ce raisonnement si clair.

— Et à la fin des fins, acheva M. Baruque, j’ai été interrogé, j’ai répondu : Tout ça m’est bien égal à moi. Je ne m’occupe pas du comment ni du pourquoi, je dis : Pour être empoisonné, il faut boire, donc il a bu puisqu’il est mort empoisonné. Faut-il reprendre l’ouvrage ?

Un instant la dompteuse fixa sur lui ses yeux où il y avait de l’égarement.

Puis, au lieu de répondre, elle appuya ses deux coudes sur la table et cacha sa tête entre ses mains.


VI

La chevalerie d’Échalot


Nous n’avons jamais nourri l’espoir de reculer les frontières connues de la poésie en abordant le portrait de Mme veuve Samayoux, première dompteuse française et étrangère ; mais nous n’avons pas eu non plus la crainte, en faisant ce portrait ressemblant, d’exclure toute poésie.

La poésie est partout, l’élément populaire en regorge, et on la retrouve encore, réduite, il est vrai, à sa plus humble expression, jusque dans les bas-fonds fréquentés par ces vivantes chinoiseries, qui ne sont plus le peuple et qui servent de bouffons au peuple.

Le peuple entretient des bouffons, en sa qualité de dernier roi. Il n’y a plus guère que lui pour mettre la main à la poche