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ressemblait plus à lui-même et dont l’humble regard avait pris une expression d’autorité. Le petit se mourait de besoin, c’est elle qui lui a remplacé la Providence. Tant pis pour toi si tu n’as pas de cœur : Un mot de plus et on s’aligne !

Similor haussa les épaules, mais il se tut.

En ce moment, Mme Samayoux disait, en se parlant à elle-même plutôt que pour poser une objection :

— Qu’un homme soit frappé, ça se comprend, mais pour empoisonner quelqu’un…

— Il faut qu’il boive ! s’écria Gondrequin. Ra, fla, droite, alignement ! Je n’en avais jamais tant su à l’égard de cette aventure ; mais le bon sens le dit : pour empoisonner quelqu’un, faut que ce quelqu’un-là boive !

— Et le juge, dit Échalot, qui revenait de son expédition, n’était pas venu là pour se rafraîchir, peut-être !

Il y avait de la reconnaissance dans le regard mouillé que Mme Samayoux tourna vers lui.

Échalot recula sous ce regard et appuya sa main contre son cœur.

Parmi l’auditoire, quelques voix dirent :

— Le fait est que le juge et les deux amoureux n’étaient pas vis-à-vis les uns des autres dans la position où l’on se dit entre amis : Voulez-vous prendre quelque chose ?… C’est louche.