Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prier, puis elle donna l’adresse du logement garni de la rue d’Anjou.

Est-ce un guet-apens, oui ou non ? Du reste, la servante a été en prison.

Ce qui se passa dans le logement garni, dame ! je n’y étais pas pour le voir, mais la justice fut avertie.

— Par qui ? demanda ici Mme Samayoux, dont les yeux se relevèrent.

— Oui, par qui ? répéta Échalot, qui, d’ordinaire, n’avait point la hardiesse de se mêler ainsi à l’entretien.

— Qu’est-ce que ça fait, par qui ! répliqua M. Baruque.

Les yeux de la dompteuse se baissèrent, et au lieu d’insister elle dit :

— Allez toujours.

— C’est presque fini, vous le devinez bien. La justice trouva le juge d’instruction empoisonné comme un rat dans une cave où l’on a jeté des boulettes.

— C’est tout ? demanda la veuve.

— C’est tout, et je crois que c’est assez comme ça. Il n’y avait pas à nier le flagrant, cette fois-ci, puisque le jeune homme et sa demoiselle étaient enfermés censément avec le cadavre.

Dans l’auditoire on se demandait :

— Qu’est-ce que la patronne veut donc de plus ?

Et Similor ajouta entre haut et bas :

— Quand les femmes qui ont dépassé l’automne de l’existence en tiennent pour un jeune premier, ça fait frémir !

Échalot se glissa derrière les groupes et vint lui mettre la main sur l’épaule.

— Toi, Amédée, dit-il, tu vas te taire !

— Qu’est-ce que c’est ?… commença fièrement le faraud en haillons.

— Tu vas te taire ! répéta Échalot, qui ne se